On a enfin trouvé le tueur des six milliards d’espèces marines qui sévit depuis plus de dix ans
Depuis 2013, plus de 5,8 milliards d’étoiles de mer ont perdu la vie dans les eaux de la côte Pacifique de l’Amérique du Nord à cause d’une bactérie qui vient tout juste d’être identifiée. L’espèce la plus touchée est l’étoile de mer tournesol, qui a été décimée à 90 %. Sans elle, les écosystèmes marins sont dégradés, menaçant la survie de certaines espèces.
Un tueur pas comme les autres. Depuis plus de dix ans, plusieurs milliards d’étoiles de mer ont perdu la vie le long de la côte Pacifique de l’Amérique du Nord, sans donner aucun signe du potentiel suspect. Dans les fonds marins, les scientifiques n’ont jamais cessé de le rechercher, pour essayer de sauver le reste de l’écosystème. Mais en dix ans, ce sont plus de vingt espèces qui ont été ravagées, parfois jusqu’à leur extinction. Le lundi 4 août 2025, une équipe de chercheurs canadiens a dévoilé le visage du tueur d’étoiles de mer dans une étude publiée dans la revue scientifique britannique Nature Ecology and Evolution .
Une bactérie pathogène
Tout a débuté en 2013, lorsque de nombreuses étoiles de mer ont commencé à perdre leurs bras avant de mourir. Aucune piste n’est trouvée, émerge seulement le nom de « syndrome du dépérissement de l’étoile de mer (SDEM) ». Un intitulé qui, en profondeur, regroupe plusieurs symptômes : la provocation de lésions, la perte de bras, des déformations ainsi que la désintégration du corps de l’étoile de mer en une pâte blanchâtre et visqueuse. Sauf que les « maladies marines peuvent être difficiles à diagnostiquer car peu de biologistes marins sont spécialisés dans les maladies infectieuses, et les agents pathogènes marins échappent souvent à l’expertise médico-vétérinaire », explique Kevin D. Lafferty, dans l’article de la revue scientifique
Au terme de longues années de recherches, les scientifiques, sous les ordres de Melanie Prentice et Alyssa Gehman, de l’Institut Hakai en Colombie-Britannique, au Canada, ont réussi à identifier la cause de cette tragédie marine. En examinant le liquide cœlomique des étoiles de mer, qui agit comme du sang, ils ont pu confirmer le rôle de la Vibrio pectenicida, une bactérie pathogène qui appartient au même genre que la Vibrio cholerae, qui est responsable du choléra chez les humains. Pour la docteure Alyssa Gehman, interrogé par le quotidien britannique The Guardian , « identifier l’agent pathogène nous donne enfin un point de départ pour agir ».
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90 % de l’espèce décimée
Et rapidement, pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être. En plus de dix ans, 90 % de la population mondiale d’étoiles de mer tournesol, les plus touchées par la bactérie, a été décimée. Cette espèce est aujourd’hui classée sur la liste rouge des espèces en danger critique d’extinction de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Une perte énorme tant son rôle dans les écosystèmes marins est important. « En l’absence d’étoiles de mer tournesol, les populations d’oursins (qui se nourrissent de varech, N.D.L.R) augmentent, s’alerte Melanie Prentice. Ce qui entraîne la disparition des forêts de varech, avec de vastes répercussions sur toutes les autres espèces marines et sur les humains qui en dépendent. »
En fait, les étoiles de mer tournesol contrôlent les populations d’oursins, assurant dans le même temps, la santé des forêts de varech, qui sont des plantes maritimes brunes et qui constituent l’habitat de milliers de créatures marines. Bien que cette maladie ait été détectée, les scientifiques ont mis en évidence un cycle saisonnier. Plus l’eau est chaude, plus la bactérie se répand. Un autre problème majeur lié au réchauffement climatique et à son impact sur les eaux mondiales, auquel devront répondre les équipes scientifiques.
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« Maintenant que nous avons identifié l’agent responsable de la maladie, j’ai bon espoir que nous puissions agir pour les étoiles de mer tournesol, se réjouit Alyssa Gehman. Nous pouvons cibler notre travail sur elles, et je pense que cela peut nous aider à progresser beaucoup plus rapidement et à lutter contre le SDEM. »